N° 256 - septembre 2000
ISSN : 9771141713005
Ce dossier s'intéresse à la problématique difficile du passage de l'Antiquité tardive au haut Moyen Age, sujet d'étude rendu extrêmement ardu par le cloisonnement des disciplines historiques et archéologiques qui, heureusement, tend aujourd'hui à disparaître. Au début de ce siècle, H. Pirenne développa dans divers articles et livres parus en 1922 et 1923, une "thèse", synthétisée dans un ouvrage paru en 1935 intitulé "Mahomet et Charlemagne, selon laquelle les invasions barbares du Ve siècle ne détruisirent pas complètement l'antique civilisation romaine, et que les institutions politiques existantes furent même, dans une certaine mesure, conservées. Ce furent les Arabes qui mirent un terme définitif à la domination romano-byzantine sur les routes maritimes, et furent , par conséquent, à l'origine de la séparation de l'Orient et de l'Occident. L'ensemble des articles réunis ici confrontent cette thèse aux découvertes archéologiques et historiques des toutes dernières années, et permet de voir que les conclusions du grands historien belge sont à nuancer.
C'est dans les siècles du très haut Moyen Age que les mers du Nord de l'Europe – singulièrement l'axe qui va de l'Atlantique à la Baltique en passant par la Manche et la mer du Nord – ont commencé à jouer le rôle majeur qui, aujourd'hui encore, leur est reconnu dans l'économie de la circulation et des échanges. Bien sûr les anciens connaissaient les marges maritimes de l'Europe septentrionale, qu'on voit évoquées dans les souvenirs de voyages ou les traités de géographie que nous ont laissés Pytheas, César, Strabon, Pline, Tacite, Ptolémée et quelques autres. Mais il faut bien convenir que, pendant l'Antiquité, les mers du Nord ne firent l'objet que de contacts marginaux avec le monde méditerranéen, même quand Rome eut conquis une partie de la Grande-Bretagne pour mieux contrôler ses approvisionnements en métaux, ou pour mettre les côtes de la Gaule à l'abri de toute attaque venue de ces horizons lointains et redoutés.
Auteur : Lebecq (S.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 256 Page : 54-59