N° 260 -
ISSN : 1141-7137
Au regard de l'histoire de l'humanité, l'écriture est une invention récente : en effet, si l'homme parle depuis environ 100 000 ans, il n'écrit que depuis un peu plus de 5 000 ans. En outre, elle n'est pas une invention universelle car, en définitive, elle n'est qu'un système de communication parmi d'autres et certaines civilisations ont pu s'en passer (les Celtes) ou l'adopter tardivement (l'Inde). L'écriture a été inventée plusieurs fois et de manière indépendante : en Basse-Mésopotamie vers 3300 av. J.-C., en Egypte presque en même temps, en Méso-Amérique, chez les Olmèques, entre 2000 et 1500 av. notre ère, en Chine au milieu du IIe millénaire av. J.-C. C'est seulement à partir de la diffusion de l'alphabet phénicien (vers -1000) que les écritures entrent dans un système de filiation ininterrompue.
A la fascination qu'exercent ses monuments, l'Egypte pharaonique ajoute la fascination qu'exerce l'écriture hiéroglyphique. De récentes découvertes ont montré que cette écriture était déjà utilisée deux siècles avant les premiers pharaons, par des rois qui ne régnaient que sur une partie de l'Egypte vers 3150 avant J.-C. Autrement dit, son apparition est presque contemporaine de celle des premières écritures mésopotamiennes, qui ne la précéderaient apparemment que d'un siècle, encore que ces datations relatives soient susceptibles de remise en cause. Elle survivra à la fin des dynasties nationales, marquée par la conquête d'Alexandre le Grand en 330 avant J.-C. et se perpétuera sous les Ptolémées et les empereurs romains dans les temples où se maintenait l'antique religion des pharaons. C'est la fermeture de ces temples à la suite de l'édit de Théodose (393 de notre ère) qui lui portera le coup de grâce. La Renaissance la tira de l'oubli où l'avait reléguée le Moyen Age. Elle suscita dès lors débats et controverses fort animés, auxquels mit fin son déchiffrement par J.-F. Champollion en 1822.
Auteur : Vernus (P.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 260 Page : 20-25