N° 274 - Juin 2002
ISSN : 1141-7137
Varius, Multiplex, Multiformis. C'est avec ces mots que l'Epitome de Caeseribus (14,6) qualifie le personnage d'Hadrien (117-138). Le successeur de l'empereur Trajan (98-117) fut assurément une personnalité complexe, un homme hors du commun, "le champion des vices et des vertus" (Epitome). Il avait d'immenses défauts qui le poussèrent jusqu'à la persécution des plus grands maîtres de son temps. Mais à côté de cela, que de qualités ! Affable et agréable avec ses amis, il était cependant un travailleur infatigable à qui sa mémoire étonnante permettait de faire plusieurs choses à la fois. On loue en lui l'homme d'État prévoyant et généreux, qui parcourt les provinces, aide particuliers et cités, restaure les villes, réforme l'administration, modernise et humanise la justice, pourchasse la corruption et veille au maintien de la discipline militaire. Doué pour tout, il a excellé dans les langues, le chant, la médecine ; il était musicien, géomètre, architecte, peintre et sculpteur. On comprend qu'avec de telles dispositions intellectuelles, l'empereur Hadrien ait laissé le souvenir d'un homme à "l'esprit distingué dans toutes les choses humaines" (Epitome). Vous retrouverez cette forte personnalité dans les Dossiers d'Archéologie où les meilleurs spécialistes font revivre ses fabuleux voyages à travers l'empire romain et évoquent pour vous ses œuvres littéraires et artistiques.
En 117, lors de son avènement, Hadrien disposa, à Rome, d'un Hôtel des monnaies parfaitement rodé. Sa réorganisation avait été, probablement, l'œuvre de Domitien (81-96) et il était installé sur le Caelius, non loin du Colisée, sous l'actuelle basilique Saint-Clément. Ce secteur a livré, en effet, des inscriptions datées du principat de Trajan qui nous renseignent sur l'organisation du travail en 115 ap. J.-C., avec des ouvriers monétaires distribués – sous Hadrien, semble-t-il, d'après l'analyse des monnaies d'or de celui-ci – en six officines. Il s'agissait d'esclaves et d'affranchis, les uns préposés aux coins (signatores), d'autres préposés aux flans monétaires (suppostores), les troisièmes, de loin les plus nombreux, étant les marteleurs (malliatores), soit une soixantaine d'ouvriers ; il y avait en outre 28 employés (officinatores) dont le chef d'atelier (optio). Un procurateur impérial, chevalier romain, coiffait le tout. Les divinités protectrices étaient notamment Fortuna et Hercule, mais Moneta était également honorée depuis Domitien.
Auteur : Nony (D.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 274 Page : 20-27