N° 281 - Mars 2003
ISSN : 1141-7137
À l'heure où tout le monde parle de la possible intégration de la Turquie dans la communauté européenne, il est bon de se rappeler qu'il y a plus de 10 000 ans déjà, les populations autochtones avaient développé un mode de vie très complexe au carrefour entre les continents asiatique et européen. Les vestiges néolithiques et protohistoriques mis au jour par les archéologues montrent à l'évidence l'existence de groupes de paysans sédentaires et chasseurs, vivant en communautés très organisées aussi anciennes et performantes que celles du couloir syro-palestinien. Les cités et villages anatoliens célèbres comme Çatal Höyük, Göbekli Tepe, Asagi Pinar, Troie et bien d'autres, sont autant de témoignages de ces époques qu'étudient avec soin les spécialistes du monde entier. Certains ont participé à ce Dossier d'Archéologie et appartiennent à des universités ou des institutions française, belge, turque, allemande ou américaine. Tous ont accepté de partager les résultats de leurs recherches pour en tirer des conclusions parfois étonnantes. Prenez-en connaissance dans ce numéro spécial consacré aux origines de la Turquie.
Jusqu'au milieu du siècle dernier, on supposait que l'Anatolie centrale n'avait été occupée qu'à la fin de la période chalcolithique. Selon les thèses diffusionnistes d'alors, le Proche-Orient, considéré comme étant à l'origine des transformations néolithiques, était perçu comme un ?noyau? à partir duquel se serait effectuée la diffusion du Néolithique vers les régions de l'Égée et du sud-est de l'Europe. Il était alors admis que les conditions climatiques et environnementales de la péninsule anatolienne, au nord du Taurus, présentaient des inconvénients majeurs à l'implantation de populations. En résultait la vision d'une région de passage entre le Proche-Orient et l'Europe.
Auteur : Biçakçi (E.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 281 Page : 42-47