N° 285 - Juillet/Aout 2003
ISSN : 1141-7137
Les recherches ont montré que dans l'Antiquité, les conditions du voyage par mer et par terre étaient peu favorables et que le déplacement d'un lieu à un autre relevait souvent de l'exploit. On ne voyageait pas pour son plaisir, mais plutôt pour ses affaires. Le voyageur rentré au pays était un initié qui avait vaincu tous les obstacles pour accomplir son périple. C'est l'une des leçons que l'on tirait du voyage d'Ulysse, de Jason ou de Thésée, ces héros témoins de la civilisation grecque.
La Grèce est la terre où est née l'Odyssée, le poème qui raconte, après l'Iliade et les fureurs de la guerre de Troie, comment Ulysse a pu rejoindre, au terme de mille pérégrinations, son royaume d'Ithaque. Cela suffit à rappeler quelle place la mythologie antique réserve aux voyageurs et plus encore à leurs récits. Sans jamais définir de manière théorique les règles d'un genre littéraire que l'œuvre d'Homère a contribué à fonder – la relation de voyage –, le périple du héros grec illustre en action un art de voyager. Son originalité est double : il se caractérise comme une errance et il donne un rôle majeur à la mémoire du narrateur. Les exposés que l'homme aux mille tours fait de ses voyages à ses nombreux hôtes sont autant d'occasions de revisiter, par le biais du souvenir, les pays qu'il a parcourus et celui dont il vient.
Auteur : Duchêne (H.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 285 Page : 4-11