N° 290 - Février 2004
ISSN : 1141-7137
Le développement des techniques d'analyse et des sciences exactes ont accéléré celui de l'archéologie. À côté de son rôle premier qui est l'étude des vestiges anciens – ce qui en est la définition étymologique –, l'archéologie d'aujourd'hui est amenée quotidiennement à pousser plus avant ses recherches et ses conclusions. Pour ce faire, les archéologues font appel à des spécialistes de différentes disciplines qui les aident à dresser un portrait le plus précis possible des hommes, du site et des objets qu'ils découvrent ; c'est ce qu'on appelle communément la pluridisciplinarité. La tribologie fait partie de ces techniques d'analyse qui contribuent à mieux faire connaître notre passé. Derrière ce terme abscons, se cache une science tout à fait particulière dont les apports sont étonnants. Son domaine d'étude concerne le frottement et l'usure des corps naturels ou fabriqués que les archéologues mettent régulièrement au jour. Son champ d'application est très vaste puisqu'il couvre tous les types de détérioration observée suite à un usage. Vous en trouverez plusieurs exemples dans les pages ce dossier. Ils concernent, entre autres, les dents et les ossements humains, la restitution des gestes techniques dans la fabrication des outils en silex ou en obsidienne, la circulation des matières premières lithiques, la fabrication des outils en os, l'utilisation des matières minérales, la taille des objets en bois ou celle de la pierre de construction. Vous découvrirez donc dans ce numéro des applications concrètes de la tribologie à des domaines qui concernent aussi bien la préhistoire ou l'Antiquité que les périodes moderne ou contemporaine, et vous serez étonnés de voir ce que l'on peut faire dire à un objet par définition muet.