N° 301 - Mars 2005
ISSN : 1141-7137
Peu connus et mystérieux, les souterrains tiennent une place non négligeable au sein de l'imaginaire collectif. Certains imaginent qu'ils courent de châteaux en châteaux, sont peuplés d'êtres magiques voire maléfiques. Ils inspirent fréquemment la crainte ou la peur. Cachés, sombres, humides, sources d'accidents, le monde souterrain ne jouit pas toujours d'une bonne presse auprès du grand public et mérite que l'on s'y intéresse de plus près pour y découvrir les richesses archéologiques qu'il renferme ainsi que l'intérêt qu'il représente pour une meilleure compréhension de notre histoire. Devant la diversité typologique de ces constructions, nous avons décidés que seuls les souterrains aménagés constitueraient le sujet central de ce dossier. Les souterrains aménagés correspondent à des cavités creusées par l'homme pour y séjourner de manière temporaire. Les galeries sont taillées à dimension humaine avec soin selon un plan déterminé constitué de salles, de couloirs et d'aménagements divers. Plusieurs grands types de souterrains aménagés peuvent être répertoriés. Les plus nombreux sont les souterrains-refuges. Creusés le plus fréquemment sous des habitations ou des petits châteaux, ils sont présents dans la plupart des régions du grand Sud-Ouest et avec une intensité particulière dans la région du Centre. Constitués de petites galeries étroites et sinueuses, ils étaient destinés à protéger quelques familles de réfugiés des troupes armées et des bandes de pillards qui sillonnaient les campagnes. Ce type de structure représente 80 à 90 % des souterrains aménagés de France. Réalisés en collaboration avec la Société Française d'Étude des Souterrains qui, en plus de trente années d'expérience, a pu accumuler des milliers de renseignements sur les sites souterrains de France mais également d'Europe, ces Dossiers d'Archéologie vous feront découvrir un aspect bien trop souvent oublié de notre patrimoine bâti, et vous proposent également quelques incursions en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Catalogne et en Cappadoce.
Mis à part quelques sites touristiques, comme les grottes de Villecroze ou la falaise de Cotignac dans le Var, le patrimoine troglodytique des départements du sud-est de la France est fort méconnu, y compris des spécialistes. Pourtant, même si cette région ne recèle pas de vastes réseaux de souterrains comme ceux du nord de la France ou un patrimoine aussi riche que celui du Périgord ou de la Loire, elle présente néanmoins une grande diversité de sites. À l'exception des massifs de tuf (Cotignac, Le Cannet-des-Maures, Barjols, etc.), la géologie de ces départements, principalement constituée de massifs de calcaire jurassique, rend difficile le creusement de cavités artificielles par l'homme. Ainsi, plutôt que des cavités creusées, on y trouve des grottes ou des vires aménagées possédant les mêmes fonctions, et l'architecture rupestre y côtoie l'architecture creusée.
Auteur : Allemand (D.) - Ungar (C.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 301 Page : 50-55