N° 311 - Mars 2006
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ISSN : 1141-7137
Tout comme les premiers empereurs romains chrétiens, en particulier Constantin, les rois de France ont voulu se faire inhumer dans une basilique prestigieuse qu'ils avaient particulièrement honorée de leur vivant et où ils souhaitaient reposer. C'est ainsi que Clovis, rompant avec la tradition barbare de sépulture sous tumulus, fit construire au sommet d'une colline qui domine la rive gauche de Lutèce, une basilique dédiée aux Saints-Apôtres qui était vraisemblablement liée à à mausolée funéraire, sans doute de plan centré. Ses successeurs firent de même mais dans d'autres édifices (Sainte-Geneviève, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Denis). Les Carolingiens reprirent cette coutume mais se firent inhumer eux aussi, en différents endroits. Il fallut attendre Saint Louis pour voir se définir une véritable politique funéraire s'agissant des rois, des reines et des enfants de France. Il choisit, pour ce faire, l'abbatiale de Saint-Denis qui devint ainsi le ?cimetière des rois?.
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne depuis 1363, fonda en 1385 à proximité de Dijon, au lieu-dit Champmol, une chartreuse destinée à accueillir son tombeau. Celui-ci, réalisé de 1381 à 1410 par Jean de Marville, Claus Sluter et Claus de Werve, est l'un des tombeaux les plus somptueux de la fin du Moyen Âge français. Les successeurs de Philippe le Hardi et plusieurs membres de sa famille furent enterrés à Champmol ; seul son fils Jean sans Peur reçut un tombeau sur le même modèle. Jusqu'à la Révolution, la chartreuse joua le rôle de ?lieu de mémoire? de la dynastie bourguignonne. Ce rôle se perpétue depuis 1827 au musée des beaux-arts de Dijon, où les tombeaux, restaurés après les déprédations de l'époque révolutionnaire, ont été remontés dans la grande salle de l'autel ducal.
Auteur : Jugie (S.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 311 Page : 72-79