N° 349 - Janvier/Février 2012
10,00 €
ISSN : 1141-7137
Encore un numéro sur les châteaux? Le touriste, le téléspectateur, l’amateur de beaux livres, l’internaute n’ont que l’embarras du choix pour se documenter sur l’un des symboles majeurs du Moyen Âge. À Guédelon, en Bourgogne, on peut même visiter un château du XIIIe siècle en cours de construction selon les techniques de l’époque, nous dit son site internet. Mais beaucoup des informations qui circulent sont reprises de données souvent anciennes et pas toujours fondées sur une documentation solide. Nous proposons ici un panorama des recherches actuelles en France, associant synthèses et monographies s’appuyant sur les sources de l’époque, du parchemin à l’image, de la terre à la pierre, sans négliger les modes de transmission du savoir et des monuments qui en ont fait un mythe.
Le château fort, image de bois, puis de pierre, d’une société aristocratique qui s’est ruralisée, apparaît en Europe occidentale vers l’an mille ; le phénomène va perdurer cinq siècles durant avant de s’éteindre. Le monde antérieur avait connu des forts de garnison aux confins des États et des empires, des enceintes de ville, mais jamais ce programme architectural inédit, à la fois résidence privée et forteresse publique pour les gens du domaine, symbole de domination sur les hommes et sur la terre, lieu de justice et centre d’exploitation agricole, mais aussi, peut-être surtout, architecture pour la «montre». Parce que la part du symbole est déterminante dans l’élaboration de ses formes, le château est prioritairement une architecture de l’ostentation, faite pour être vue du dehors. Ainsi, une part importante des signes de féodalité – mâchicoulis*, meurtrière, crénelage, qui contribuent à sa silhouette caractéristique défiant parfois les lois de l’équilibre – peuvent ne pas avoir de valeur d’usage ou de fonctionnalité propre.
Auteur : FAUCHERRE (N.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 349 Page : 10-13