N° 380 - Mars / Avril 17
ISSN : 1141-7137
Démocratie, république, citoyenneté : nos régimes politiques doivent beaucoup de leurs références à l’Antiquité, et le vocabulaire en porte la marque. Pourtant, les démocraties occidentales n’ont que peu de rapport avec les fonctionnements antiques. Quels sont donc les modes d’expression civique de l’Antiquité, à Athènes, à Rome, dans l’Empire romain et en Gaule ? C’est à cette question que ce numéro des Dossiers d’Archéologie invite à répondre. On y découvre que le tirage au sort était omniprésent dans la démocratie athénienne, que les Romains votaient beaucoup dans leur République dirigée par des aristocrates, et que l’archéologie récente est aujourd’hui en mesure de retrouver les lieux de réunion politique et les procédures de vote des peuples gaulois. Ce numéro est aussi l’occasion de réfléchir à la démocratie aujourd’hui, avec les candidats à l’élection présidentielle qui ont répondu à nos questions. Nous avons souhaité ainsi, à notre manière, en lui donnant une perspective historique et en confrontant les visions, contribuer au débat démocratique, dans la période qui constitue, au cours de la Ve République, le moment crucial de la vie politique.
Les articles de ce dossier ont montré que des régimes démocratiques peuvent faire appel à des procédures différentes de celle du suffrage universel, telles que le tirage au sort et la participation du corps civique à tout l’appareil d’État, et que finalement la démocratie athénienne a peu de rapport avec les systèmes représentatifs qui sont les nôtres. À l’inverse, le droit de vote de tous les citoyens romains n’induit en rien un régime démocratique. Souvent perçue comme un absolu non négociable, la démocratie est la justification de bien des postures politiques; elle est pourtant une notion relative, qu’il est important de définir. La délimitation du corps civique, plus ou moins large, et les procédures de sélection des dirigeants, plus ou moins ouvertes, fondent des systèmes plus ou moins démocratiques. Nous écartant exceptionnellement de l’archéologie, parce que le thème de ce numéro et la période s’y prêtent, nous avons interrogé les candidats à l’élection présidentielle sur leur vision de la démocratie et le projet qu’ils portent pour elle. Tous ont été contactés, et certains ont accepté de nous répondre. Nous les en remercions. Pour une meilleure représentation des courants politiques qui animent la campagne, les candidats qui ne nous ont pas répondu sont présents par des extraits choisis par nos soins dans les ouvrages qu’ils sont publiés.
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 380 Page : 70-75